Chez Humanea, nous attachons beaucoup de valeur aux thérapeutes qui en ont. En clair, les thérapeutes intégrés au réseau sont aussi des personnes qui font preuve d’une déontologie et d’un alignement professionnel qui est en adéquation, d’une part avec leurs représentations mentales de ce que devrait être idéalement le soin, et d’autre part avec les attentes formulées par leurs patients.
Le therme holistique, une nouvelle mode !?
Dans cette optique, beaucoup de thérapeutes, beaucoup de méthodes et parfois même certains centres d’enseignement, ont accolé à leur offre le terme « holistique », tant et si bien que ce concept a été usé et parfois même abusé jusqu’à la corde, au point qu’aujourd’hui il est devenu une coquille vide. Face à cela, les patients en quête d’une authentique alternative de santé et d’un regard différent sur leur douleur, se trouvent souvent désemparés, voir même désabusés, tant la thérapie « holistique » ne répond pas à leurs attentes. Déçus, ils en restent souvent à une première expérience peu engageante, qui ne les conforte pas dans l’envie de renouveler une approche de ce type.
C’est d’autant plus dommage que l’approche holistique authentique, pour peu qu’elle soit envisagée de façon effective et mise au service plein et entier du patient, permet de rendre compte d’une pluralité de grilles de lecture, tout en proposant une mutltitude d’outils. Mieux, elle commence selon moi là où s’arrête l’allopathie, tant il semble désormais de plus en plus difficile de parler de prise en charge individualisée et adaptative lorsqu’il s’agit de médecine conventionnelle de ville ou de médecine hospitalière.
L’objet de cette analyse succincte aura donc pour objectif de baliser, je l’espère, de façon claire et nette ce que regroupe la notion d’holisme, et surtout ce à quoi ce vocable ne renvoie pas. L’objectif n’est donc pas de tirer à boulets rouges sur l’ambulance, mais bel et bien de clarifier un domaine d’activités dans lequel il est désormais devenu, pour le novice, quasiment impossible de s’y retrouver. Pire, ce maëlstrom et cette confusion des genres savamment entretenue par les réseaux sociaux et complaisamment véhiculée par les médias mainstream, finit par discréditer l’ensemble des acteurs de santé qui, aujourd’hui, proposent des modèles de soins alternatifs.
Un peu d'histoire
Revenons un instant sur la genèse de ce terme, puisque c’est à la fois un néologisme et une création linguistique d’apparition récente. Son premier usage apparaît en effet en 1926 dans l’ouvrage de l’homme d’Etat sud-africain Jan Christiaan Smuts intitulé Holism and Evolution.
Reprenant les paroles d’Aristote, qui estimait que « le Tout est supérieur à la somme des parties », le concept d’holisme pose le fait que les problèmes que nous observons ne sont que les parties émergées d’une Totalité plus grande qu’il nous est donné de voir, pour peu que nous ayons une approche non réductionniste.
Appliqué au champ de la santé et du soin, l’holisme entend appréhender en une seule vision un système complexe et subtil, individuel et changeant, qu’on appelle l’Humain. Une telle prétention ne peut donc pas se limiter au seul champ de la physiologie ou de la biochimie, elle entend au contraire intégrer à la vision allopathique, souvent héritée de la pensée rationaliste et mécaniste de Descartes, une vision beaucoup plus large, qui prend en considération les données psychologiques, émotionnelles, relationnelles, historiques, culturelles, familiales, énergétiques, spirituelles et temporelles de l’individu. L’objectif est de saisir, de la façon la plus objective et la plus exhaustive possible, l’environnement global dans lequel l’individu évolue et interagit, en gardant l’intime conviction que le symptôme que nous appelons maladie ne survient pas par hasard. Il est au contraire l’ultime manifestation d’un ensemble de déséquilibres, plus ou moins subtils, que le corps utilise pour nous alerter. Un peu comme le voyant de votre tableau de bord indique que vous devriez aller rapidement chez le garagiste. Le problème, c’est qu’en matière de santé et de symptômes qui se font jour, nous n’allons que rarement chez le garagiste. Nous préférons casser le voyant rouge qui clignote sur notre tableau de bord, pour ne plus le voir ni l’entendre, et nous persuader de la sorte que tout va bien. Mais ceci est un autre débat, que j’aborderai peut-être dans un autre article…
Et aujourd'hui ?
Le terme holistique, galvaudé aujourd’hui car utilisé davantage à des fins marketing par des thérapeutes dénués de tout scrupule que par une poignée d’éducateurs de santé conscients de leur rôle central sur le bien-être et le bien vivre de leurs semblables, n’est donc pas un patchwork de techniques plus ou moins -mal- maîtrisées. Il est encore moins un oripeau dont on peut se vêtir pour mieux dissimuler son manque d’épaisseur en tant qu’individu.
Non ! Avoir une pratique holistique, quel que soit le domaine de santé concerné, c’est d’abord et avant tout être en mesure de résonner (et raisonner) face à la souffrance des frères humains que nous avons face à nous. C’est évidemment, et c’est le corollaire de ce premier état des lieux, être en mesure de déployer une écoute pleine et entière, pro-active. Une écoute qui ne se limite pas à la seule attention autour du bruit des mots, mais qui soit attentive aux éléments subtils du langage verbal et non verbal.
Les intonations, les variations de voix, les termes employés, la posture dans l’espace, les regards fuyants, les mimiques forcées, les rides sur le visage, la tenue vestimentaire, autant d’éléments qui sont des indices faibles qui concourent à affiner l’analyse et la compréhension de l’individu auquel nous avons affaire.
Être attentif à une poignée de main, une qualité de peau, à la coloration du teint du visage, à une démarche, à la place occupée par l’individu dans l’espace, à l’état de sécheresse des cheveux, à la brillance des ongles, à l’aspect de la langue, etc. Autant d’éléments cliniques que nous devons être en mesure de rechercher, de trouver et de rattacher à un ensemble d’autres symptômes, entendus comme autant de manifestations extérieures de dysfonctionnements internes.
Et certes si des outils existent, si des grilles d’analyse ont été élaborées et pensées en ce sens, nous touchons ici aux domaines du ressenti, du subtil, de la psyché, de l’âme de chacun. Or, nous ne sommes pas égaux face à cette sensibilité. Certains d’entre nous sont plus sensibles à ces données parfois immatérielles, mais qui font pourtant sens et constituent l’identité propre du malade venu en consultation. Occulter cette dimension de l’individu, c’est à mon sens passer sous silence un pan fondamental et déterminant de la vie de la personne, à qui on ôterait de facto une part substantielle de ce qui la fait être au Monde.
Alors, dans ce contexte et maintenant que nous avons tracé à grands traits les contours de ce que pourrait être une conception holistique de la santé, comment cela peut-il s’appliquer à la nutrition ?
Très longtemps considérée comme le parent pauvre de la médecine allopathique moderne, qui a placé dans la pharmacopée chimique et industrielle récente l’ensemble de ses espoirs et de son discours progressiste, la question alimentaire et nutritionnelle a repris ces dernières décennies une place de choix, que même des médecins hospitaliers ne peuvent plus ignorer.
Le problème, c’est que le traitement allopathique de la nutrition s’appelle la diététique, et que la diététique a commis l’erreur pendant des décennies de ne se limiter qu’à un simple comptage de calories. Déterminer une valeur théorique des besoins énergétiques journaliers en fonction de l’âge, du sexe, de l’activité physique, intellectuelle…tout cela est très bien, mais ne rend pas compte de ce que l’aliment est d’abord et avant tout là pour assurer une fonctionnalité de l’organisme. La diététique a donc longtemps occulté la dimension micro-nutritionnelle des aliments, et ce n’est qu’à une date récente que le focus a été porté sur les oligo-éléments comme autant d’acteurs majeurs de santé, car ils sont notamment les précurseurs de processus biochimiques et métaboliques complexes, dont la seule comptabilité alimentaire était jusque-là incapable de rendre compte.
Au-delà de cette vision encore très scientifique (pour ne pas dire scientiste) de l’alimentation, et qui s’avère très rapidement insuffisante lorsqu’on s’attaque à des problématiques aussi fréquentes que les troubles du comportement alimentaire, la vision holistique appliquée à l’alimentation me paraît pertinente et pleine de sens.
Pertinente car elle fait de l’acte alimentaire un moment majeur de l’existence, sans cesse renouvelé. Elément clé de la relation à la mère, la nutrition est aussi un profond acte de sociabilisation en même temps qu’un possible marqueur de ségrégation. Tantôt rêvé et fantasmé, tantôt redouté et honni, l’acte alimentaire est tout sauf anodin. Il est toujours accompagné d’un prisme de croyances, de représentations et de valeurs, elles-mêmes liées à une histoire familiale, à une relation émotionnelle, à un contexte socio-économique. Autant d’éléments qui structurent notre imaginaire mental et les représentations que nous élaborons autour de la nourriture et de l’acte de s’alimenter. Rien de surprenant alors à ce que des dysfonctions émotionnelles, familiales, socio-éducatives, économiques, aient un effet direct sur un acte fondateur de sociabilisation avec les autres, ce qu’est précisément le fait de se nourrir.
A ces éléments de sociologie de l’individu se surajoute l’ensemble des contraintes auxquelles il est soumis. Nous vivons tous avec des contraintes, plus ou moins intenses, plus ou moins larges et étendues, et elles impactent de façon plus ou moins profonde nos existences respectives. Ne pas en tenir compte, c’est précisément ce que la diététique classique a fait pendant des décennies, en demandant aux personnes de rentrer un rond dans un carré.
La nutrition holistique, une grille de lecture ?
Là où la nutrition holistique propose une grille de lecture individualisée et adaptative afin de coller au plus près de la réalité quotidienne de la personne prise en charge, la diététique et ses schémas rigides a longtemps demandé à tout le monde de se conformer à des modèles alimentaires préétablis, précisément sans prendre en compte les individualités de chacun.
En pratique courante, si deux personnes viennent pour une même perte de poids, mais que la première est une maman divorcée qui travaille 40 heures par semaine et qui a deux enfants à charge, mais que la seconde est une femme retraitée qui dispose de temps et d’argent pour prendre soin de sa santé, alors je ne vais évidemment pas leur proposer la même approche. Dis comme cela, cela paraît évident, mais c’est précisément l’écueil sur lequel ont fini par s’échouer les errances de la diététique classique.
La nutrition holistique, si elle s’intéresse au contenu nutritionnel et micro-nutritionnel de l’assiette, s’intéresse aussi à cet ensemble d’autres éléments, parfois objectifs, parfois plus subtils, qui font le Tout de l’individu, et constituent une sorte d’architecture mentale propre à chacun, et que j’aime appeler l’écosystème individuel global.
Comment choisir son thérapeute alors ?
Si un thérapeute prétendu holistique ne parvient pas à saisir cette totalité et à y répondre avec des outils pertinents, adaptés, et dont il est capable de mesurer l’efficacité pour mieux les réajuster, alors le terme holistique auquel il concourt est, à mon sens, totalement galvaudé. Dans cette optique, l’authentique éducateur de santé n’impose pas. Il constate et met avec le patient le doigt sur certaines réalités, afin de mieux les appréhender.
En véritable pédagogue, il accompagne sur le chemin de compréhension et n’impose rien car son objectif n’est pas de maintenir une dépendance thérapeutique du patient à lui-même. Son but ultime est au contraire de rendre sa liberté pleine et entière aux individus dont il a la charge, afin précisément que ceux-ci soient en mesure de faire les meilleurs choix pour leur Vie et leur santé, en pleine conscience et avec leur propre liberté de jugement et de compréhension.
Dans ce sens, le thérapeute holistique est certes parfois doté de plusieurs outils de travail, mais il est surtout pétri d’une forme d’humilité qui le pousse à travailler en réseau, avec d’autres professionnels capables de partager les mêmes valeurs humaines, afin que le soin soit à la fois pluridisciplinaire et horizontal, sans hiérarchie des intervenants, mais délivré au profit unique du patient et de sa guérison complète.
En résumé et en conclusion
Enfin, l’idée majeure de la nutrition holistique c’est aussi et surtout de poser, en dernière instance, cette question capitale et radicale : « Qu’est-ce qui, au-delà de la nourriture physique, nourrit votre existence ? »
Poser les problématiques en ces termes, c’est certes ouvrir la boîte de Pandore des addictions et des troubles du comportement alimentaire, de l’alimentation compensation, mais c’est aussi et surtout amener le patient à s’interroger sur sa place dans le Monde, sur le rôle qu’il entend avoir dans son existence, sur la reprise en main de sa santé qu’il veut apposer à son évolution de Vie.
C’est un parcours passionnant, enrichissant et sans cesse renouvelé que d’aborder la santé sous cet ensemble de prismes différents. Je crois qu’il est désormais temps pour la médecine allopathique d’admettre que sa vision seule est incapable de rendre compte de la pluralité et de la subtilité des individus. Dans cette optique et si nous appelons de nos vœux une évolution vers une conception intégrative, pluridisciplinaire et horizontale de la santé, alors les thérapies authentiquement holistiques doivent se positionner non pas face à face, mais côte à côte, aux côtés de la médecine académique allopathique, afin que nous soyons reconnus un jour comme des acteurs à part entière du réseau de santé, et que nous puissions enfin travailler en toute sérénité avec nos pairs et nos patients, sans craindre d’être ostracisés.
Rédigé par Daniel Botta
Infirmier - Nutritionniste Holistique - Praticien en irrigation du côlon - Thérapeute Fleurs de Bach
Nutriflow - Thérapies naturelles
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